La grande inversion des rôles
Quand on fait face à la perte d’autonomie d’un parent, on doit aussi, parfois, mettre le nez dans ses comptes, ou même dans d'autres choses moins réjouissantes. Et ça, personne n’y est préparé.
On sait que ça peut s’avérer délicat, mais tout va bien se passer grâce aux témoignages de nos six supers Freds et de Bertrand, psychologue spécialisé.Comment ça se passe quand on doit faire comprendre à un proche qu’on agit « pour son bien » ? Elisa, qui s’occupe de sa tante, a parfois besoin de s’imposer : « elle refuse souvent de prendre un bain et si je l’écoutais, elle ne se laverait qu’une fois tous les six mois », s'amuse-t-elle. Elle voit dans cette situation une confusion des rapports. Mais pour Bertrand, « on ne devient jamais le parent de son parent, et tant mieux : il ne serait pas bon de bousculer cette relation, sinon c'est l'impasse et on nie quelque part la dignité des aînés ».
Comme dirait Céline,"on ne change pas"
La dignité, c’est aussi ce qui a fait tiquer Guy, quand il a fait face au vieillissement de ses parents : « mes parents ont peut-être pris quelques rides, mais je les respecte toujours autant », sourit-il. « Il faut garder en tête qu'en vieillissant, la personne a encore ses idées, ses préférences... On ne peut pas balayer son vécu », approuve Aurora.
Les pépins d'aujourd'huiseront les blagues de demain
Pour schématiser, cette remise en cause de rôles établis impacte autant l'identité du proche aidé que de la personne qui lui donne un coup de pouce. Et pour le psychologue, ce n’est jamais une bonne chose. « La privation de décision doit à tout prix être évitée », insiste-t-il, « tant que c’est possible, il faut privilégier le dialogue avec le ou la principale concerné(e) ».
C’est ce qu’il s’est passé dans la famille de Paul, un de nos Freds : l’accident de son papa, qui a eu un impact sur son autonomie, a donné lieu à un conseil de famille, au cours duquel tout le monde a pu s’exprimer et donner son avis sur la meilleure décision à prendre, sans exclure l’aidé. Pour se coordonner à plusieurs, même avec des emplois du temps bien remplis, on peut par exemple créer un groupe Whatsapp, qui permet de garder facilement le contact entre les différents membres de la famille et l’aidé. « Pendant la maladie de mon frère, on se faisait un rapport quotidien par texto », se souvient France, « sur son état, ses besoins et tout le nécessaire, c'était important pour garder le cap ».
Un seul mot d'ordre :dé-dra-ma-ti-sons
Et dans tout ce dialogue, le plus important est de pouvoir dédramatiser. Pour Françoise, l’humour permet de débloquer 99% des situations. Avec son père, qu’elle aide régulièrement, les pépins d’hier deviennent les blagues familiales d’aujourd’hui : « mieux vaut en rire qu'en pleurer ! J’arrive facilement à le taquiner et lui-même tourne en dérision ses petites défaillances, comme la fois où la réparation de sa machine à laver s'est soldée par une mini-inondation. On en rigole encore aujourd'hui... Ce second degré familial, c'est notre force car cela rend la situation plus réjouissante pour tout le monde ».
Vers une relation à trois ?
Le conseil qui semble le plus important aux yeux de Bertrand, c’est celui-ci : il faut éviter de construire une relation en vase clos avec la personne que l'on aide. « La relation en duo n’est pas une fatalité, des professionnels sont là pour ça (notamment pour les soins qui ont rapport au corps) mais pas seulement : introduire un tiers permet de protéger les rôles ».
Et attention, ce tiers n’est pas forcément un ou une aide à domicile, il peut s’agir d’un commerçant qui aide à monter les courses, d’un voisin qui relève le courrier, de cousins qui donnent un coup de main…
En conclusion, vous n'êtes pas seul(e).
- Discuter avec le principal concerné pour prendre, si possible, les décisions collectivement.
- Ne pas s'enfermer dans une relation à deux : idéalement, pour un aidé, il faut plusieurs aidants.
- Dédramatiser grâce à l'humour, qui permet de venir à bout des situations compliquées.
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