Trop d'émotions : est-ce normal ?

Des paroles d’experte pour comprendre le deuil et les émotions
qui me traversent

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#2 - J'identifie mes émotions pour comprendre ce qui se passe en moi

Tristesse, angoisse, peur, colère, culpabilité... Les émotions liées au deuil sont souvent nombreuses et peuvent vous paraître insensées. Plutôt que de les juger, les nier ou les subir, l’idée va être de les identifier pour mieux les comprendre.

Mais avant tout, qu’est-ce qu’une émotion ?

Une émotion est un signal qui témoigne de ce qu’il se passe en nous face à une situation venant de l’extérieur. Elle arrive malgré nous, est légitime et témoigne de nos besoins. En effet, lorsque nous ressentons une émotion agréable (joie, soulagement, excitation…), cela nous informe qu’un ou plusieurs de nos besoins sont comblés. En revanche, lorsque nous ressentons une émotion désagréable (frustration, regret, culpabilité…), cela nous informe qu’un ou plusieurs de nos besoins ne sont pas comblés et que nous avons besoin d’agir pour qu’ils le soient à nouveau.

Tant qu’une émotion n’est pas accueillie, elle reste et s’installe. Imaginez vous dans la salle d'attente d'un médecin, et dans cette salle, il y a 10 personnes qui attendent : vous allez être directement agacé·e alors que si vous êtes seul·e vous savez que la prochaine porte qui va s'ouvrir sera pour vous et vous allez mieux vivre la situation. C’est pareil pour les émotions, tant qu’une émotion n’est pas accueillie, c’est-à-dire que le message qu’elle porte n’est pas arrivé à bon port, elle reste et s’installe. Et ce “stockage” peut avoir des effets néfastes multiples (un trop plein émotionnel, des excès de comportements, un impact sur la santé physique, une dégradation des relations sociales…). Apprendre à accueillir ces émotions est donc clé.

Pour commencer : des exemples d’émotions et de besoins
liés au deuil

Avant de passer concrètement à la pratique, vous pouvez trouver ci-dessous deux listes (non-exhaustives) : 

● Une première avec des émotions que l’on peut ressentir suite à la perte d’un·e proche.
● Une seconde avec les besoins que cela peut cacher.

Pour mettre en pratique

  • Pour parvenir à accueillir vos émotions, on vous propose de réfléchir aux moments difficiles de vos journées et de les analyser. Comment ? En vous posant plusieurs questions :
  • ● Que ressentez-vous (manifestation physique ou mentale) à ces moments-là ?
    ● Qu’est-ce cela vous fait ?
    ● Quel nom pourriez-vous donner à cette émotion ?
    ● Selon vous quel est le message derrière cette émotion, quel besoin peut-elle cacher ?
  • N’hésitez pas à vous référer aux tableaux précédents pour vous donner quelques idées. Par exemple, voici ce que Pascal, Monique et Sylvie ont répondu :

    Monique qui a perdu son conjoint :
    Les moments douloureux sont concentrés le soir, plus précisément au moment du coucher.
    ● Je ressens un vide dans ma poitrine et je suis épuisée, mais je sais que je ne vais pas réussir à dormir.
    ● Je me sens seule et en colère contre la maladie qui a pris mon mari.
    ● J’ai le sentiment de ne plus avoir personne et je ne me reconnais plus. Ce que je ressens me dit que j’ai besoin de soutien, d’échanger et de retrouver des repères dans mon quotidien.

    Pascal qui a perdu son père :
    La douleur se manifeste quand je passe dans l’ancien quartier de mes parents.
    ● Je ressens une sensation étrange au fond de ma gorge et j’ai l’impression d’être anesthésié.
    ● Je me sens soulagé car je sais qu’il ne souffre plus, et en même temps je me sens très nostalgique.
    ● J’ai le sentiment de ne plus avoir de but dans la vie. Et ce que je ressens me dit que j’ai besoin de retrouver du sens à mes journées.

    Sylvie qui a perdu sa sœur :
    Je ne sais pas...
    ● Je ne ressens rien aussi bien physiquement que mentalement.
    ● Je me sens vide.
    ● J’ai l’impression d’être vidée de toute émotion.. Cette absence d'émotions me dit peut être que j'ai besoin de repos et de prendre soin de moi.

    ️️️N’hésitez pas à mettre tout cela à l'écrit , cela devrait vous soulager.

LE CONSEIL DE FRED

#1 - Il peut arriver que l’on se sente vide émotionnellement ou que l’on ait du mal à identifier ses émotions tant la douleur est présente. C’est un temps où l’on a besoin de réconfort, de parler, d’exprimer autant que possible ce que l’on ressent, dans le corps, dans la tête et dans le cœur. Il n’y a pas d’obligation à tout identifier, mais beaucoup de bienveillance à développer envers vous et où vous en êtes. Le tout en gardant confiance sur le fait que l’on avance pas à pas.

Ce qui peut vous être utile dans ces cas-là : être à l’écoute de vos sensations physiques. Par exemple : “j’ai une douleur dans le dos, j’ai chaud aux mains, je ressens des picotements dans l’épaule, mon cœur bat fort…”. Accueillez ces sensations et laissez monter ce qui vient sans juger ni analyser. En renouvelant régulièrement cet exercice, vous reprendrez contact petit à petit avec vous, vos sensations, vos émotions.

#2 - Il se peut également que vous ressentiez des émotions “désagréables” ou “gênantes” comme la colère, la rancoeur, la culpabilité. Ne craignez pas en les écoutant qu’elles s’installent (“je ne veux pas être dépressif·ve”, “je ne veux pas être comme ça”, “je n’ai pas le droit de lui en vouloir”)... Elles ne vous définissent pas, mais parlent de votre vécu, de votre lien avec la personne. Ouvrez-leur la porte pleinement pour les laisser sortir !

Pour aller plus loin

Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi réfléchir à des mots ou des phrases que l’on
a pu vous dire et qui ont pu vous blesser, vous agacer ou encore vous mettre en colère. En effet, lorsque nous n’allons pas bien, il est courant de se sentir isolé·e ou incompris·e par notre entourage. Cela ne veut pas dire que les autres ne s’intéressent pas à notre situation ou à la personne défunte mais les préjugés sont fréquents sur le deuil et chacun·e est différent·e dans sa manière de réagir.

Réfléchir à ces remarques qui vous dérangent va vous permettre de poser des limites vis-à-vis de la parole des autres et d’accepter que vos ressentis sont légitimes.

Quels sont les mots ou phrases que l’on a pu vous dire et qui vous ont blessé·e / agacé·e / mis·e en colère ? Et pourquoi ?

Par exemple :
- “Il est temps de passer à autre chose” comme si je voulais passer à autre chose alors que ma femme était toute ma vie.
- “Il·elle est mieux là où il·elle est” alors que je me sens si seule depuis que Maman n’est plus là.


Pour terminer ce module, gardez en tête qu’il n’y a pas de “bonne façon” de faire face au deuil. Ne vous jugez pas avec des “je dois/tu dois” et pensez à rester connecté·e à vous et vos ressentis pour sentir ce dont vous avez besoin.