Comment je veux me souvenir
de mon proche

Des clés pour aborder la mort sous un nouvel angle et identifier
ce que je souhaite garder de lui·elle

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#2 - J'identifie ce que je veux garder de lui·elle

Vous reconstruire ne signifie pas que l’on coupe le lien avec la personne disparue, mais qu’on l’intègre à votre vie d’une autre manière. Un peu comme un tri intérieur pour savoir ce que vous voulez garder de la relation et de la personne, avec son lot de souvenirs, d’anecdotes et d’apprentissages. On vous partage des clefs pour vous accompagner dans ce travail.

Pour commencer

Ce travail est quelque chose de très personnel. C’est à vous, selon vos envies, de choisir ce qui vous convient. Mais parfois jeter un coup d'œil à ce que font d’autres personnes peut donner des idées. Vous pouvez découvrir ci-dessous quelques exemples partagés par d’autres personnes endeuillé·es :

● Reprendre des photos, se construire un bel album, avec des dessins, des décors, des souvenirs, des annotations… Avec mes enfants, nous avons démarré un album pour nous rappeler tous les beaux moments vécus avec leur mère. On se pose dessus 1 fois par semaine en famille et chacun y met de sa créativité” explique Noël.

Refaire une cérémonie à distance, avec l’entourage. Par exemple pour Géraldine, cela s’est fait sous la forme d’une marche : “j’avais construit un itinéraire qui passait par plusieurs points de vue que Papa aimait beaucoup dans la forêt à côté de notre village. C’était un très beau moment où chacun·e partageait des anecdotes selon les endroits.

LE CONSEIL DE FRED

Si cette idée vous intéresse, vous pouvez également découvrir le site Omages, spécialisé dans l’organisation de fêtes du souvenir post-obsèques.

En lien avec la nature, il est possible de planter un arbre ou une plante dans votre jardin ou bien dans une forêt. Plusieurs sites proposent de faire cela et de choisir son essence (chêne pour la sagesse, le cèdre pour la sérénité…). C’est le cas de l’organisme Dans nos coeurs, qui contribue ainsi en plus à la reforestation. Un peu dans la même veine, Bertrand a proposé à toute sa famille d’accrocher des rubans et des petits mots pour son épouse autour du chêne de leur jardin : “elle adorait cet arbre et assis dessous on y discutait de nombreux sujets, je trouvais ça symbolique d’y laisser un mot qui nous rappelait un moment avec elle”.

Lui écrire une lettre pour lui dire ce que l’on aime chez elle, ce que l’on a envie de garder d’elle. La lettre peut aussi être un moyen d’exprimer ce qui ne l'a pas été, pour réparer la relation, la colère, demander pardon, dire des choses que l’on n’a pas osé ou que l’on n’a pas eu le temps de lui dire… “J'ai perdu ma petite sœur il y a un an. Pour des raisons de santé, je n'ai pas pu lui rendre visite à l'hôpital et lui dire “au revoir”. J’étais remplie de culpabilité.Je lui ai donc écrit une longue lettre, dans laquelle je lui ai expliqué les raisons de mon absence, en lui expliquant à quel point elle me manquait et en énumérant de beaux souvenirs ensemble. Puis je l’ai déposé sur son cercueil. Cela m’a permis de me sentir en paix avec moi-même” raconte Marie-Annick.

Maintenir des rituels que l’on avait avec la personne. Chaque année, j’achetais un bouquet à mon frère pour son anniversaire. Depuis son décès, je continue d’acheter des fleurs le jour J, c’est mon petit plaisir et comme ça j’ai l’impression qu’il est un peu avec moi” souligne Barbara.

● Ou encore allumer une bougie, créer un mausolée de pierre miniature, cuisiner un plat que la personne aimait particulièrement, mettre en place une cagnotte pour récolter des dons pour une cause qui lui tenait à cœur… Sur ce dernier point, le site La cagnotte des proches est très bien pensé. C’est par ici pour en savoir plus.

LE CONSEIL DE FRED

Et comment faire si la relation est mauvaise ou que l’on garde de la rancœur par rapport à telle ou telle chose ? C’est une question qui revient régulièrement. Ce qu’il faut avoir en tête c’est que s’il y a souffrance, c’est qu’il y a un lien avec de l’amour. Il y a alors un travail de compréhension de la relation à faire, de pardon peut-être, pour réparer les racines blessées et trouver celles qui portent ce lien affectif. L’aide d’un·e professionnel·le pour soutenir et guider ce travail peut être un vrai plus.

Pour mettre en pratique

  • On vous propose maintenant de rédiger une lettre pour votre proche. L’idée ? Réfléchir à tout ce que vous aimeriez lui dire : vos souvenirs heureux, vos regrets, votre reconnaissance, votre colère… Vous allez voir, c’est un bon moyen de jeter sur le papier vos pensées les plus profondes et de lâcher prise. Pour cela, munissez-vous d’un stylo et d’un papier et laissez venir tout ce qui vient sans vous censurer. Comme on sait que ce n’est pas toujours facile de se lancer, voici quelques pistes de réflexion pour vous aiguiller  :

LE CONSEIL DE FRED

● Ce que l’on garde ou pas de l’Autre n’est pas toujours quelque chose de volontaire. On le découvre aussi au fil du temps. Vous pouvez refaire cet exercice autant de fois que vous le souhaitez, avec de nouvelles colonnes si besoin.

● Certains trouvent les mots en écoutant une chanson qui fait écho à des souvenirs. Si c’est votre cas, n’hésitez pas à passer une musique qui vous plaît pour vous mettre en condition.

Pour aller plus loin

Afin d’honorer la mémoire d’un·e défunt·e, et si on s’échangeait des anecdotes autour d’un jeu entre proches ? C’est ce que propose Les cartes de transmissions : un jeu de 52 cartes ponctuées de symboles et de messages pour aborder le deuil sous un autre angle. C’est par ici pour le découvrir.

Les Cartes de transmissions sont une bouffée d'empathie dans les moments difficiles. Elles ouvrent des voies d'expression et de réconfort et représentent un soutien significatif” raconte Brigitte qui en a fait l’expérience.


Pour terminer ce module, gardez en tête que plus le lien avec la personne perdue est fort, plus il est enraciné en vous, et plus vous pourrez le sentir vivre en vous. Cela prend parfois un peu de temps, car il faut laisser un peu de vide, un peu de silence pour l’entendre et lui faire de la place… mais il est là. Cette citation de Christian Bobin y fait d’ailleurs référence d’une manière très poétique : “J'ai perdu des êtres qui étaient pour moi, sources de soleil. Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre. Moi je continue à en recevoir les rayons”.