Quelles sont mes envies
aujourd’hui ?
Des pistes concrètes pour me reconnecter avec moi-même
et retrouver des repères afin de me projeter
#1 - Je me (re)connecte avec moi-même
Votre rôle d’aidant·e prenait de la place dans votre quotidien, peut-être même beaucoup de place. Avec le décès de votre proche, votre rôle change et vous vous demandez comment reprendre le cours de votre vie. Vous n’en avez d’ailleurs peut-être pas l’énergie ou l’envie. Pourtant ne pas s’oublier est clé pour cheminer son deuil, comme l’explique la psychologue Maïté Fontaine dans cette vidéo ci-dessous :
Comment savoir ce dont on a envie lorsque l’on vit un deuil ?
4 minutes 40
L’essentiel à retenir :
Lorsque l’on est en deuil (et encore plus après avoir accompagné quelqu’un pendant un long moment), il est normal de traverser des phases où l’on se sent vide et sans envie. C’est une épreuve qui peut nous faire sentir particulièrement vulnérable, qui vient faire vaciller nos croyances et le sens de notre existence. On se demande comment s’autoriser à profiter du temps et de l’espace que la perte de la personne aidée nous laisse. Le deuil n’est pas seulement se séparer de l’Autre, c’est aussi accueillir et renouer avec la part de vous qui veut (sur)vivre. Petit à petit.
Pour commencer
Une fois n’est pas coutume, on vous invite à découvrir d’abord ces histoires d’autres aidant·es endeuillé·es :
"J'ai cru que c'était moi qui t’avais aidé à tenir debout, mais en fait je réalise que c'était l'inverse, c’est toi qui donnais un sens à ma vie. Aujourd'hui je ne sais plus pourquoi je me lève, je me sens perdu, je n'ai pas bien réalisé à quel point j'avais besoin de toi" - Claude qui a perdu sa mère il y a quelques mois.
“Pour que mes enfants vivent sereinement leur vie d'adulte, je me devais de réapprendre à vivre la mienne. Marcher avec d'autres en randonnée m'a permis de raccrocher l'extérieur. Quel bonheur je ressens maintenant en rentrant d'une journée passée à marcher en bord de mer ou en forêt, tout en discutant ou non avec ceux qui sont là, sous le soleil , sous la pluie , ou dans le vent… Dans mon sac à dos, il y a toujours la douleur de l'absence, mais j'y mets aussi maintenant mon pique-nique et des fruits secs ou un litre de thé à partager” - Catherine dont le mari s’est suicidé.
“Il y a quelques années maintenant, mon père est décédé après trois semaines de coma. Je l’ai accompagné jusqu’au dernier jour. J’ai cru mourir, et je ne voulais qu’une seule chose : rester au fond de mon lit. Je me suis rendue compte que pour vivre, il ne suffisait pas de respirer. Il faut aussi et surtout une force que je n’avais plus. Au fur et à mesure, j’ai compris que ma place était parmi les vivants, pour le reste de ma famille et pour moi-même. J’ai décidé de vivre, et de vivre le mieux possible, de l’honorer en quelque sorte. L’aide d’une psy m’a aidé dans ce chemin et je me sens pacifiée maintenant. Oui, on peut vivre après un deuil, même si c’est très dur : il faut décider d’être heureux” - Judith, qui a dédié de nombreuses années à son père atteint d’Alzheimer.
Pour mettre en pratique
- Lorsque l’on se sent (très) vide, plusieurs choses peuvent aider pour (re)trouver peu à peu le goût de vivre et renouer avec vos envies. On vous propose d’y aller étape par étape :
#1 - Tout d’abord, en (ré)apprenant à choisir. Vous pouvez par exemple vous demander au cours de votre journée : “Ai-je vraiment envie de rester à la maison ou d’aller marcher un peu dehors ?” / “Ai-je envie de prendre un dessert ou de terminer avec un café ?” / “Quelle infusion me ferait plaisir maintenant ?”
#2 - Ensuite, en pratiquant “la pleine conscience” comme le conseille la psychologue Maïté Fontaine. Le terme est un peu jargonneux mais pour résumer cela consiste à être attentif·ve à ce qu’il se passe en vous / autour de vous. Cela peut se faire par exemple :
● Lors d’une marche en prenant le temps de regarder autour de vous, les gens que vous croisez, les immeubles ou la nature mais également en étant à l’écoute de vos sensations (l’air sur la peau à certains endroits ou des sons qui vous entourent).
● Ou encore en mangeant. Là aussi en prenant le temps de regarder votre plat et ses couleurs puis en ayant conscience des aliments qui descendent dans votre gorge et le plaisir qui y est associé.Pour commencer à y faire attention, vous pouvez vous demander : qu’est-ce qui m’a fait me sentir vivant·e aujourd’hui ?
Il peut s’agir de petites choses, comme par exemple l’eau qui coule sur vos mains, la pomme que vous croquez, ouvrir vos fenêtres le matin, l’odeur de la tarte qui sort du four, faire des étirements le matin lentement en sentant tous vos muscles se dénouer…
Les noter va vous donner la motivation de vous lever jour après jour. C’est également un bon moyen d’atténuer les ressentis négatifs qui peuvent vous submerger. Vous pouvez les noter dans un carnet.
Pour aller plus loin
Quels sont les souvenirs heureux de ma jeunesse et pourquoi cela me faisait plaisir ?
Voilà une autre question que vous pouvez vous poser pour retrouver quelques centres d’intérêts. Aller à une fête foraine, faire du patin à roulettes, manger “une madeleine de proust”... Tous les souvenirs sont bons à prendre.
Par exemple, pour Micheline, c’est le piano qui lui est revenu à l’esprit : “Petite, j’adorais jouer de la musique avec mon père. J’aimais laisser aller mon imagination sur les notes. Puis la vie a fait son chemin et j’ai arrêté. J’ai décidé de m’inscrire à un cours avec une professeure après le décès de ma cousine. Cela m’a fait beaucoup de bien : j’avais une forme de joie enfantine à reprendre des partitions.”
Là aussi, mettre à l’écrit vos réflexions peut être une bonne idée pour faire ressortir des choses qui vous tiennent à cœur.
Bon à savoir : en cliquant sur le bouton “Découvrir la suite”, vous aurez accès à des conseils pour retrouver des repères dans votre quotidien et vous projeter petit à petit.
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