Vie professionnelle et vie d’aidant·e : comment réussir à les concilier ?

Jongler au quotidien entre sa vie perso, son travail et l’aide d'un·e proche est loin d’être un exercice facile. Chez vous aussi, la fatigue commence à se faire ressentir ?


Ce qui a été compliqué pour moi lorsque j’aidais mon père, c’était de devoir gérer à la fois ses soucis à lui mais aussi mes problèmes professionnels. Bref, j’étais mal en point” explique Sylvie qui a accompagné son père pendant de nombreuses années. “C’est un vrai marathon de réussir à tout concilier” précise Annick, une Fred de la communauté qui aide sa mère atteinte d’Alzheimer.

Remplir des papiers administratifs en rentrant du travail, faire le ménage sur ses jours de RTT, devoir s’absenter pour des rendez-vous médicaux… Autant de petites tâches de la vie d’aidant·e qui peuvent s’accumuler et devenir compliquées à concilier avec une vie professionnelle à plein temps. Alors comment réussir à trouver votre équilibre ? Des Freds déjà passé·es par là vous partagent leurs conseils et des dispositifs utiles. 

Préparer le terrain : en parler à votre employeur

Je pense qu’il faut prendre le temps de se poser et d’en discuter pour trouver des solutions. De mon côté, c’est en parlant avec mon employeur que j’ai pu adapter un peu mes objectifs à la situation avant que cela ne devienne trop intensif” explique par exemple Sandrine, sur le groupe Facebook des Freds.

Comme Sandrine, prévenir votre entreprise de la situation pourrait vous permettre de convenir ensemble de certains aménagements afin de faciliter votre quotidien. C’est également ce qu’il s’est passé pour Annick : ”Durant deux ans, j’ai pu diminuer mon temps de travail avec l’accord de mon responsable qui comprenait la situation”.

Pour aborder sereinement le sujet, vous pouvez par exemple vous tourner vers un interlocuteur tel qu’un·e représentant·e du personnel ou encore le service de santé au travail. Il·elles sauront vous conseiller dans votre démarche et pourront vous renseigner sur les dispositifs existants au sein de votre entreprise. 


J’ai peur d’aborder le sujet avec mon employeur, comment faire ?” Avoir des appréhensions est totalement normal. On peut par exemple ne pas avoir envie d’évoquer sa vie personnelle au travail, avoir peur de potentielles retombées négatives pour sa carrière ou encore ne pas se sentir à l’aise avec son employeur. C’était par exemple le cas d’Agnès : “Au départ, je ne voulais pas en parler à mon entreprise. C'est ma vie perso, et je n'avais pas envie qu’on pense que ça allait affecter mon travail, qu'on se dise que je suis moins fiable, moins productive." Toutes ces craintes sont légitimes mais garder le silence n’est pas forcément la meilleure option. Et c’est d’ailleurs ce qu’Agnès explique très bien : "au final, j'en ai parlé. Et ils se sont montrés très compréhensifs, ce qui m'a beaucoup aidée”.

Alors comment évoquer le sujet ? Notre conseil : commencer à en parler à des proches pour bénéficier de leur prise de recul. Vous pouvez également en discuter avec des collègues que vous appréciez. Ils pourront vous apporter leur soutien et vous donner leur avis sur la bonne manière d’aborder le sujet avec votre hiérarchie.

Deux dispositifs utiles pour aménager votre temps

« Quand ma mère est tombée et que j’ai dû passer la journée avec elle aux urgences, mon chef m’a répondu : “Vous vous rendez bien compte que l’entreprise doit tourner correctement !” », témoigne Agnès, l’une des Freds de la communauté.

Malheureusement, il peut arriver que certains employeurs manquent d’empathie quand ils sont pris au dépourvu, d’où l’importance de discuter en amont des possibilités auxquelles vous avez le droit si vous êtes amené·e à devoir vous absenter. 


Le point positif dans tout cela c’est que la loi est de votre côté. Elle propose différents types de congés aux salarié·es en fonction de la situation.

#1 - Le congé de proche aidant (anciennement congé de soutien familial)


J’ai posé mes congés depuis 2 mois, je peux enfin souffler et ne plus être là que pour les mauvais moments avec mon proche” explique Nicole qui accompagne son mari. 


De quoi s’agit-il ? Concrètement, il vous permet de suspendre ou réduire votre activité professionnelle pour accompagner une personne à qui il·elle vient en aide.

Pour qui ? Cela concerne tout·e salarié·e de droit privé, fonctionnaire, travailleur indépendant ou encore demandeur d'emploi apportant une aide “régulière et fréquente” à une personne âgée ou handicapée, à titre non professionnel, pour “accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne”. La personne aidée doit résider en France de manière stable et régulière. 


Combien de temps ? La durée maximale est de 3 mois sauf si des dispositions particulières sont prévues par convention ou accord collectif au niveau de l’entreprise. Ce congé peut être renouvelé dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière du salarié·e. Durant toute la durée du congé, votre contrat de travail est suspendu, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas exercer d’autre activité professionnelle. Ensuite, lorsque vous reprenez votre emploi, vous conservez votre salaire, votre ancienneté ainsi que tous les avantages acquis avant le début du congé.

Bon à savoir : vous pouvez mettre fin au congé de manière anticipée dans certains cas (par exemple, le décès de la personne aidée, l’admission dans un établissement, une diminution importante de vos ressources, des recours à un service d'aide à domicile ou encore un congé de proche aidant pris par un autre membre de votre entourage.

 

Quelle rémunération ? Depuis le 1er janvier 2022, le congé de proche aidant est indemnisé. Concrètement, vous pouvez percevoir une allocation journalière du proche aidant (AJPA). Celle-ci est versée par la Caf ou la MSA et son montant est fixé à : 58,59 euros pour une journée entière et 29,3 euros pour une demi-journée. La demande est à faire en plus car cela ne dépend pas de votre employeur.

Comment procéder ? C’est à vous de faire la demande auprès de votre employeur par courrier. On vous conseille de l’adresser par lettre recommandée avec accusé de réception.
Dans ce courrier, vous devez mentionner :

  • Votre volonté de suspendre votre contrat de travail pour bénéficier du congé de proche aidant,
  • Votre date du départ en congé (attention, cette demande doit être transmise au moins un mois avant la date de départ souhaité), 
  • Votre volonté de fractionner le congé ou de le transformer en temps partiel, si vous le souhaitez. 

Pour vous aider, vous pouvez trouver un modèle de lettre type à envoyer juste ici ainsi que la liste des justificatifs à ajouter à votre dossier par là.

Bon à savoir : 

  • Si votre entreprise a une disposition spécifique dans sa convention concernant ce congé proche aidant, il se peut que la démarche soit un peu différente. Le mieux reste de voir avec votre employeur comment cela se passe au sein de votre structure. 
  • En cas d’urgence, vous pouvez prendre ce congé immédiatement. Sont considérées comme des situations d’urgence une dégradation soudaine de l’état de la personne aidée (certificat médical à l’appui), une situation de crise (également justifiée par un certificat médical) ou encore un départ soudain de l’établissement où résidait la personne aidée (sur attestation du responsable d’établissement).

Besoin de répit ?

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. L'objectif ? Vous partager des solutions concrètes pour vous entourer
afin de prendre des moments pour vous.

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#2 Le congé de solidarité familiale

Ce congé m’a permis de tenir le coup et de pouvoir être là dans les derniers moments de mon père” nous explique Hélène.

De quoi s’agit-il ?
Cela vous permet d'assister un·e proche dont la maladie met en jeu le pronostic vital (phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable par exemple).

Pour qui ? Ce droit est ouvert·e à tou·tes les salarié·es et fonctionnaires s’occupant d’un proche en fin de vie. Il peut s’agir d’un·e ascendant·e, son frère, sa sœur, d’une personne partageant le même domicile ou encore vous ayant désigné comme sa personne de confiance.  

Combien de temps ? Le congé de solidarité familiale est limité à 3 mois, renouvelable une fois. 

Quelle rémunération ? Là aussi, le congé de solidarité familiale n'est pas rémunéré par l’employeur mais par le versement d’une allocation journalière d’accompagnement d’une personne (AJAP) en fin de vie peut être prévu. Pour en savoir plus, c’est juste ici.

Comment procéder ? 2 cas de figures :

  • Pour les salarié·es : vous devez adresser votre demande à votre employeur par lettre recommandée avec accusé de réception au moins 15 jours avant le début du congé. Accompagné d’un certificat médical attestant de la pathologie du proche, le courrier doit mentionner 3 choses : la volonté de suspendre votre contrat pour bénéficier de ce congé, la date de début et la date prévisible de fin du congé, la demande de fractionnement ou de transformation du congé en travail à temps partiel, si vous le souhaitez.

Bon à savoir

  • En cas de modification de la date prévisible de son retour, le salarié informe l'employeur au moins 3 jours avant le terme initialement prévu.
  • Là aussi, si votre entreprise a une disposition spécifique dans sa convention concernant ce congé proche aidant, il se peut que la démarche soit un peu différente. Le mieux reste de voir avec votre employeur comment cela se passe au sein de votre structure

  • Pour les fonctionnaires : Comme pour les salarié·es, une demande écrite à votre administration est nécessaire. Elle doit être accompagnée d'une attestation du médecin de la personne malade. Dans la demande, vous devez faire apparaître plusieurs choses :
    - le nombre d'allocations journalières souhaitées,
    - le nom, prénom et numéro de sécurité sociale de la personne que vous accompagnez et les coordonnées de sa caisse de sécurité sociale.
    - En plus, si c’est le cas, vous devez faire apparaître le nom des autres bénéficiaires de l’allocation d’accompagnement ainsi que la répartition des allocations journalières entre vous.

Bon à savoir :
- L’administration informe, dans les 48 heures suivant la réception de votre demande, la caisse de sécurité sociale dont relève la personne accompagnée.
- En l'absence de réponse dans les 7 jours suivants de la part de la caisse de sécurité sociale, l'allocation est considérée comme accordée.

Pour plus d’informations sur les spécificités pour les fonctionnaires, tout est expliqué juste là

Pour aller plus loin 

  • Un peu de concret : On a créé un accompagnement gratuit en ligne pour vous entourer et souffler. L’idée ? Vous proposer des astuces et des solutions pour faciliter votre quotidien et trouver des moments pour vous. C’est par ici pour le découvrir et voir la marche à suivre pour vous inscrire.

  • Un peu de lecture : La cocotte commence à siffler ? Et si vous preniez quelques jours pour vous reposer ? On vous explique comment réussir à prendre quelques vacances bien méritées juste là. 

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